Maman Voyage

Nous partons vivre en Angleterre !!!

Je l’ai annoncé il y a quelques jours sur Facebook : nous partons vivre en Angleterre ! Vos réactions ont toutes sous-entendu qu’il s’agissait d’une bonne nouvelle et ça l’est mais j’ai quand même envie de vous raconter les dessous de l’histoire et les émotions qui m’ont envahie depuis le soir où « Papa Voyage » est rentré à la maison en me disant qu’il était muté en Angleterre. Car contrairement à ce que certains pensent, ce départ en Angleterre a été une surprise pour moi et toute ma petite famille…  Alors oui, on voulait vivre une expérience d’expatriation depuis longtemps… « Papa Voyage » et moi nous nous sommes rencontrés aux Etats-Unis alors qu’on était tous les deux expatriés donc je connais les pleurs des premiers jours, la fatigue de ne rien comprendre, les gaps culturels, la nostalgie de la France, les proches qui vous manquent mais je connais aussi la magie de se sentir en vacances tout le temps, de découvrir tous les jours quelque chose de nouveau, de partir explorer de nouvelles terres tous les week-ends, de progresser en anglais à vitesse grand V, de se faire de nouveaux amis, compagnons de galères et/ou d’aventures selon les jours… Nous souhaitions clairement revivre l’expatriation, en famille cette fois-ci… Nous avons guetté l’occasion de nous faire muter par nos boulots : il y a eu des pistes pour Munich, pour Helsinki, pour Amsterdam, pour Milan et elles nous ont toutes séduites (bon, pour Helsinki, on n’a pas tout de suite aimé l’idée hein… !)… Bref, il y a eu des pistes mais à chaque fois, ça a planté pour des raisons diverses et variées… Et puis, il y a eu notre Tour du Monde, que nous avons adoré et pendant lequel la refléxion sur l’expatriation a été ravivée à chaque fois que nous avons eu un coup de coeur pour une ville (et moi j’ai tellement aimé Sydney ! … L’expatriaton cela permet une réelle immersion dans une autre culture… C’est vraiment du super slow travel avec tous les avantages que cela comporte : on voit moins de choses mais on les voit et on les comprend mieux, on noue des liens et on a le temps d’apprendre vraiment la langue… Bref, en revenant de Tour du Monde, nous avions le souhait de vivre quelques années expatriés dans un pays d’Europe (oui, en Europe, pour ne pas être trop loin des amis et de la famille). Nous attendions donc la bonne occasion…

Donc elle tombe bien cette expatriation en Angleterre ? Oui et non… Car voyez-vous, on ne se refait pas : je suis parisienne et j’adore vivre à Paris… Ce que je veux dire par là, c’est que je ne me suis jamais imaginée vivre ailleurs que dans une grande ville… (Je vous dis pas la tête de mon employeur quand je lui disais « oui, je suis très mobile mais seulement dans les Capitales !!! ;-)). Cela ne veut pas dire que je n’aime pas la nature ; je l’adore même ! Mais en week-ends ou en voyage… Au quotidien, j’aime ma vie citadine. Alors quand mon chéri m’a dit « on part en Angleterre ! », il a d’abord vu mon sourire puis il m’a dit « mais ce n’est pas à Londres ! »… et là j’ai commencé à palir… Ah oui, bien sûr, il y a d’autres villes que Londres en Angleterre…(aren’t there?)… « Chérie on va pas dans une ville… »… Voilà le hic ! On va dans un coin paumé, un mini village perdu entre Portsmouth et Southampton, dans le Hampshire… « mais chérie, il y a la mer ! »… Euh ? C’était sensé me consoler d’avoir la Manche devant ma porte ?… La Manche !!! Encore une fois, j’adore partir en week-end sur nos belles côtes françaises au bord de la Manche (et encore, je vérifie dix fois la météo avant de partir !) mais y vivre ? Nous n’avons eu que quelques jours pour prendre une décision… On a commencé à dresser des listes de « pour » et de « contre »… et vous savez quoi ? Il y avait autant de lignes d’un côté que de l’autre… Alors, j’ai demandé conseil à des amis expatriés à Londres et ils m’ont dit « notre seul conseil est qu’il ne faut pas réfléchir plus de 5 minutes ! »… Alors, on a lâché les listes et les débats, on a lâché prise et on s’est juste dit qu’on avait envie de tenter l’aventure ! Let’s do it!…. Sauf qu’après, quand la décision prise, les listes de « pour » et « contre » et bien elles reviennent au galop ! C’est toujours comme ça… Il y a les minutes où on a hâte de vivre notre nouvelle vie et les minutes où l’on s’inquiète… Enfin surtout moi car…

Trailing wife, je ne serai pas ! C’est une amie qui m’a appris cette horrible expression ! Cette expression qui me réduit à celle qui suit son mari expatrié, comme si je n’étais qu’une remorque, comme si je n’avais pas de projets, d’envies, de questionnements, de compromis à gérer… Comme je vous ai dit, pour commencer, j’adore vivre en ville et donc l’expatriation dans un village du sud de l’Angleterre c’est loin de mon mode de vie (adieu cinéma, théâtre et expo ! Adieu vie sans voiture ! Adieu lignes aériennes pour toutes les destinations du Monde !). Les seuls spectacles que je verrai seront les spectacles de fin d’année des enfants !!! Et pour voyager, il faudra le plus souvent passer par Londres. Secondo, côté boulot, je ne suis pas du genre « à suivre »… j’avais tout plein de projets et d’opportunités à Paris, presque servies sur un plateau et en déclinant toutes les offres qui me sont faites actuellement je me demande : aurai-je autant d’opportunités à mon retour ? Car en Angleterre, il n’est pas certain que je trouve du travail… Oui, il y aura toujours le blog et j’en suis ravie, mais je travaille en parallèle, dans un bureau, avec des chiffres, des collègues et des pauses cafés ;-)… Cette histoire de travail ça me stresse beaucoup : j’avais un très bon salaire donc nous allons devoir vivre avec beaucoup moins de revenus ! (mon mari a certes un beau package d’expat comme on dit, mais ça ne compense pas mon salaire…). En Angleterre, avec le Brexit, je ne vois pas pourquoi ils embaucheraient une petite Française ? Mais qui sait ?!… ; Et puis, au début, mes enfants vont avoir tant besoin de moi que de toute façon, je ne pourrai pas travailler. Et si finalement je passe des mois, voire deux ou trois ans sans travailler, que vont penser les recruteurs à mon retour à Paris ? C’est que j’aime mon travail !… Faire le tour du Monde, c’est un discours qui passe très bien en entreprise… Mais s’arrêter deux ou trois ans car on est « femme d’expat » ?? Je me demande ! Aurai-je toujours autant de propositions ? Alors, oui, je vais profiter de mes enfants et c’est top, oui, je vais enfin ralentir un peu mon rythme de vie et ça me fera du bien, oui, je vais avoir le temps de jouer du piano, d’écrire et de me balader en forêt et puis je vais découvrir tout plein de nouvelles activités qui me plairont aussi car je suis une enthousiaste née mais la transition ne sera pas simple ; le changement ne l’est jamais, surtout quand il doit s’opérer dans une autre direction que notre vraie nature…

Que pensent les enfants de cette expatriation en Angleterre ? J’ai trop parlé de moi ;-). Mes petits amours ont aussi une grande étape devant eux. Il y a d’abord eu une phase de rejet, très brève je dois dire, mais si représentative de leurs caractères : Ticoeur a tout de suite aimé l’idée d’étudier dans une école anglaise (car dans notre coin, point d’école française of course ! Et puis tant qu’à faire, autant vivre l’expérience à 100% !) – Ticoeur s’imagine déjà la vie d’Harry Potter ! Mais il est très très triste de quitter ses amis :-(…  Titpuce, elle, a d’abord été radicale « c’est pas possible maman car je ne mettrai jamais d’uniforme et je ne parlerai pas anglais !!! »… Avec ça, c’était pas gagné ! Ah l’uniforme ! Ma chipie est si coquette et compliquée le matin (je mets plutôt ceci ou cela ?), elle aime tant les couleurs, les mélanges, elle est si artiste dans l’âme, que je ne suis pas étonnée qu’elle ait d’abord pensé à l’uniforme ! Amusant quand même ! Début juin, nous avons passé, « Papa Voyage » et moi, une semaine en Angleterre pour faire le tour des écoles et nous en avons trouvé une vraiment prometteuse, donc j’ai pu en parler en détails aux enfants et ils ont plutôt hâte… Aussi, je vois qu’ils sont bien motivés pour apprendre l’anglais. Leurs maîtresses ont bien joué le jeu aussi, en leur parlant de la chance qu’ils avaient de pouvoir devenir bilingues en anglais… Devenir bilingues ? Il paraît que les enfants sont des éponges, je n’en doute pas, mais je ne veux pas non plus sous-estimer les efforts qu’ils vont devoir faire ! Ma puce devait rentrer au CP ; là, elle va soudain devoir apprendre à lire, à écrire mais directement en anglais ! Et puis bilingue c’est une chose mais Ticoeur et Titpuce le sont déjà (ils parlent français et allemand) donc il s’agit de devenir trinlingue ! J’ai eu moins de témoignages de ce cas-là (si vous en avez je suis preneuse !)… J’aurais tendance à me dire qu’ils vont régresser en allemand mais j’espère que non, à voir… Arriveront-ils à parler français avec moi, allemand avec leur papa et passer la journée à parler anglais ? On compte sur les visites des grands-parents allemands pour maintenir cette langue… Moi je vais m’occuper du français et c’est déjà pas mal ! J’ai réfléchi et je ne vais pas opter pour les programmes du Cned ou autre… nous aurons assez de contraintes comme ça. Je vais gérer à ma manière. Après tout, je me suis déjà bien débrouillée pendant le tour du monde pour couvrir le programme de CP avec Ticoeur… J’essaierai d’en faire de même avec ma puce. Quant à Ticoeur (CE2), c’est un grand lecteur et un excellent élève donc je ne m’inquiète pas trop pour son français. En plus, comme il est né en septembre, il va devoir refaire la même année d’école en Angleterre car là-bas ils considèrent l’âge des enfants au 1er septembre et pas au 31 décémbre – comme ça, si les maths c’est trop facile, il pourra se concentrer sur l’anglais… Finalement, j’aurais préféré l’inverse : Titpuce une classe en dessous et Ticoeur dans le niveau du dessus mais ce n’est pas négociable. Ainsi, pour ceux qui connaissent, ils iront en Year 2 (Titpuce) et Year 4 (Ticoeur). Par contre, au retour en France, Ticoeur devra « sauter une classe » car la France regardera son âge au 31 décembre… Bref on va s’adapter à tous les sytèmes ! De mon côté, je vais surtout emmener de grandes malles de livres en français dans nos valises (si vous en avez trop, je suis preneuse !). Quant aux camarades de classe des enfants, on va essayer de garder le contact avec certains grâce à Skype et Facetime. On a fait une petite fête à la maison avec tous les amis d’école de Ticoeur et Titpuce. C’était important pour eux. On a aussi invité les parents pour échanger avec eux et les encourager à venir nous voir en Angleterre !

On a une maison en Angleterre ! Après une semaine à visiter des maisons qui ne nous plaisaient absolument pas (ah le style british, parfois!), nous avons trouvé à la dernière minute, une grande maison à 1km de la mer, avec un joli jardin et 6 chambres !  Au moins, dans un petit village, c’est pas les prix et les superficies de Paris (ou Londres) ! On peut voir grand ! C’est clairement un soulagement de savoir où nous poserons nos valises et savoir que l’endroit nous plaît beaucoup. Cela permet de mieux se projeter. Nous allons y retourner prochainement pour faire visiter la maison (et l’école !) aux enfants car pour eux aussi, il faut du concret pour écarter les inquiétudes… Nous pensons y passer une semaine en repérage cet été mais nous ne déménagerons que fin août car nous avions déjà organisé toutes nos vacances… au soleil ;-).

Nous vivrons donc là …. (Very charming indeed!)

Et tout plein de « positive attitude » pour finir : j’ai pas mal insisté sur les craintes dans mon article parce que nous avons pris une décision et fait un choix qui n’était pas une évidence pour nous, mais oui, clairement il y a tant de choses positives qui nous attendent ! …

Pour finir, il n’y a pas de hasard dans la vie mais des opportunités qu’on choisit de saisir ou pas, des rêves que l’on choisit de réaliser ou pas… Pendant mes études, je voulais passer un trimestre dans un pays anglosaxon mais je n’ai été prise en échange qu’à Berlin ; j’ai voulu faire un stage à New-York mais je l’ai trouvé à Chicago ; après mes études, j’ai voulu travailler à Londres mais je me suis retrouvée aux US en Virginie ; j’ai rêvé de faire le Tour du Monde et… je l’ai réalisé deux fois !… J’ai donc l’habitude, de changer mes plans car les choses sont rarement à 100% comme on le souhaiterait et arrivent rarement au moment où on les souhaiterait… Mais je sais d’expérience que même quand ce n’était pas tout à fait le plan, c’est une aventure inoubliable et passionnante ! J’ai aimé Berlin, j’ai adoré ma vie à Chicago et j’ai rencontré mon mari en Virginie… Il y a toujours de belles surprises au détour des chemins !

Aujourd’hui, nous avons l’opportunité de partir vivre deux ou trois ans en Angleterre avec les enfants ; nous avons choisi de nous lancer dans cette folle aventure et vous savez quoi ? Cette folie nous ressemble !

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